40 jours de combat

Voici que nous entrons dans la sainte quarantaine, prenant modèle sur le Christ qui passa quarante jours au désert, se laissant conduire par l’Esprit Saint (cf. Lc 4,1). Suivons Jésus à notre tour ! Mais ne nous leurrons pas : le désert n’est pas un lieu paisible. Les explorateurs connaissent ses dangers, ses mirages, ses Sahara desertcréatures féroces. Et le désert où nous attire le Seigneur est un lieu de combat spirituel ; ce n’est pas un havre reposant où nous pourrions vaquer tranquillement à nos petites dévotions. Pensons à la triple tentation du Christ. Si nous vivons avec Lui cette épreuve, c’est avec Lui que nous en sortirons victorieux, n’en doutons pas.

Toutefois, prenons garde au risque d’orgueil spirituel qui pourrait venir de l’illusion d’un ascétisme trop humain. Deux erreurs guettent les parents et les éducateurs. D’une part, certains peuvent se contenter d’insuffler chez l’enfant quelques vagues inspirations humanitaires… sans lendemain. D’autres, en multipliant les obligations et les résolutions, risquent de perdre de vue la véritable finalité du carême : la conversion comprise comme retour à Dieu mais avec Dieu, « pour l’amour de Dieu » et avec sa grâce. L’Eglise ne nous demande pas de nous mettre sous tension comme pour une compétition sportive ou la préparation d’un examen, de mobiliser notre seule volonté pour gagner nous-mêmes ce combat. Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire.

Mgr Patrick Le Gal rappelle fort à propos : « Il ne s’agit pas de s’obliger à des efforts ascétiques accomplis par nos seules forces humaines, et à coups de volonté, mais de laisser le Christ combattre en nous par la prière, la pénitence et le partage, non par volonté de puissance pour être parfaits aux yeux des hommes, mais avec douceur et humilité pour faire sa volonté et nous laisser davantage guider par l’Esprit » (Prier au rythme de l’Eglise, p. 53). Saint et joyeux carême !

Denis Sureau