Qu’est ce que l’Assomption ?

Nous sommes peu renseignés sur les détails de la vie de la Sainte Vierge, car la discrétion a imprégné toute cette vie. Cependant, nous savons et nous croyons en toute certitude qu’il y a un peu plus de 2000 ans, au terme de sa course terrestre, la Mère de Dieu a été emmenée, conduite au Ciel, en corps et en âme. C’est ce mystère glorieux, l’Assomption, que nous célébrons avec toute l’Eglise au jour du 15 août.

Pour dire quelque chose de ce mystère, il convient de se rappeler que le Seigneur Jésus a voulu s’associer sa Mère en toutes choses d’une manière unique. Il est vrai Dieu et vrai homme ; Sa maman n’est pas divine, elle est de la race des hommes, mais de toutes les créatures de Dieu, elle est la plus proche du Créateur car elle seule a été choisie pour être la Mère d’un fils qui est vraiment Dieu, elle seule est proprement Mère de Dieu. Si, comme Dieu, le Fils n’a qu’un seul Père, comme homme, il n’a qu’une seule Mère, la Sainte Vierge.

Le jour de l’Ascension, quarante jours après sa Résurrection, Jésus est monté aux cieux en corps et en âme, par ses propres forces. Le jour de l’Assomption, Il a chargé ses anges d’emporter sa mère au Ciel pour la placer près de Lui en Paradis et la faire couronner Reine du Ciel. Au privilège du Fils répond donc le privilège de la Mère : désormais tous deux sont unis dans la gloire, et en particulier, tous deux règnent aux cieux avec leur corps déjà ressuscité, déjà glorifié. Tous deux jouissent déjà de la plénitude des récompenses éternelles, tous deux bénéficient déjà des fruits complets de la Rédemption accomplie par le Fils ; ils n’attendent pas, comme les autres saints du Paradis, la Résurrection finale.

La proximité de la Mère et du Fils explique le fait que le corps de la Sainte Vierge n’ait subi absolument aucune corruption après sa mort : parce que son Fils lui-même avait connu la mort, il convenait qu’elle la connût ; mais son Fils ne pouvait tolérer que ce corps paré de la plus pure virginité, que ce corps qui L’avait enfanté, Lui, le Fils éternel de Dieu, fût soumis à la corruption du tombeau ; Il ne pouvait tolérer que ces entrailles dont il était le fruit béni, fussent livrées à la moindre décomposition. Un théologien médiéval a pu écrire : la chair de Jésus, c’est la chair de Marie. Non, Dieu ne pouvait tolérer que la mort continuât son œuvre sur cette chair si pure, vrai Temple du Très-Haut. Dans l’Ancien Testament, l’Arche, destinée à contenir le texte des dix commandements de l’Alliance, avait été fabriquée en bois imputrescible ; les Pères de l’Eglise y voient la figure du corps de la Sainte Vierge qui devait abriter l’auteur de l’Alliance en personne.

C’est l’avis le plus commun des théologiens qu’il était convenable que la Mère de Dieu passât comme son Fils par la mort corporelle ; mais c’est un point de notre foi, défini par le pape Pie XII, qu’elle fut absolument exempte des suites de la mort. Après sa mort, donc, elle fut immédiatement emportée aux cieux, ressuscitée et glorifiée, ce pourquoi on a pu parler pour elle seule, plutôt que de mort, de passage ou de Dormition. On voulait exprimer ainsi, par un terme particulier, puisque la mort corporelle est la conséquence du péché et de la victoire du démon, combien précisément la Sainte Vierge avait échappé à cette loi générale : si elle connaissait la mort – et encore, si peu – c’était uniquement par conformité à l’exemple de son Fils. Elle avait été, par son Immaculée Conception, préservée du péché originel ; jamais non plus elle n’avait commis de péché. En droit la mort, c’est-à-dire en définitive Satan, n’avait sur elle aucun pouvoir. En quelque sorte, elle pouvait dire avec son Fils : « ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ».

Non seulement donc, le corps de la Sainte Vierge n’a subi aucune corruption, mais il a été glorifié comme celui de son Fils. La Mère du Sauveur est entrée triomphalement, avec son corps et son âme, dans la gloire du Ciel. Cette glorification, comment Dieu ne l’aurait-il pas accordée immédiatement, sans attendre la fin des temps ainsi qu’Il le fait pour les élus, à celle qui avait participé de si près à l’œuvre de la Rédemption ? Préservée comme on l’a dit du péché originel, exempte de quelque péché que ce soit, elle seule avait gardé la foi pendant la Passion de son Fils ; elle seule avait compati comme il convenait aux souffrances du Sauveur ; elle seule avait eu son cœur transpercé d’un glaive de douleur ; elle seule avait offert au Père éternel avec un amour toujours fidèle les terribles souffrances de son Fils ; elle seule avait attendu avec confiance sa Résurrection : elle avait participé d’une manière unique, il était juste qu’elle fût récompensée, glorifiée, d’une manière unique. Cette glorification culmine dans la Royauté de Marie : par son Fils en effet, par le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, elle a été établie Reine du Ciel, couronnée Reine des Anges et des Apôtres. Elle règne avec puissance pour l’éternité, aux cieux, tout près de son Fils.

1- On le voit par lL'assomption de la Vierge Bartolomé Esteban Murillo 1670es quelques lignes qui précèdent, la solennité de l’Assomption offre la possibilité d’une belle catéchèse sur la Sainte Vierge ; elle permet d’évoquer en effet :
– l’Immaculée Conception et l’exemption de tout péché personnel de Marie ;
– sa Maternité divine ;
– sa Virginité ;
– la participation de la Mère de Dieu au mystère de la Rédemption.
En présentant l’Assomption comme la suite logique ou le couronnement des autres privilèges de la Bienheureuse Vierge Marie, on fera une bonne leçon de catéchisme marial. A travers la Mère on ne pourra manquer d’aimer et de faire aimer le Fils.

2- L’Assomption fournit aussi la matière d’une conversation sur l’éternité et d’un acte d’espérance : c’est aux cieux que règne la Mère de Jésus, c’est là qu’elle nous attend, c’est là qu’elle intercède pour nous auprès de son Fils, c’est là que la servent les anges et les saints.

3- Le 15 août est enfin l’occasion de souligner l’importance du salut corporel auquel nous sommes également appelés : notre corps est promis à la Résurrection et à une gloire magnifique comme l’âme dont il est le temple ; en aucun cas nous ne pouvons mépriser notre propre corps ou nous en mal servir.

Que la Sainte Vierge veuille nous obtenir de son Fils de célébrer dignement l’Assomption et de nous préparer ainsi à notre salut et à notre glorification.

Abbé Pierre Rineau, Fraternité Saint-Thomas-Becket