2 février : Présentation du Seigneur au Temple

Fête liturgique souvent oubliée (sauf pour les crêpes), la Présentation est pourtant riche d’enseignements.

La fête de la Présentation de Jésus au Temple ou de la Purification de la Sainte Vierge, annoncée très discrètement sur nos calendriers, risque de passer inaperçue pour certaines familles, pourtant chrétiennes. Il est vrai que le 2 février tombe, la plupart de temps, un jour de la semaine (cette année un samedi) et que la fête n’est pas solennisée le dimanche suivant. Et pour cause : elle est fixe. Elle arrive toujours très exactement quarante jours après Noël, respectant ainsi le délai historique.
Et pourtant, si nous voulons bien nous y intéresser et y participer, nous pourrons en tirer beaucoup d’enseignements et de fruits, tant pour notre vie spirituelle que pour celle de nos enfants.

Le Christ Lumière du monde

La messe elle-même comporte quelques particularités liturgiques très parlantes pour les enfants : elle commence par la bénédiction et la procession des cierges, rappelant la montée de la Sainte Famille vers le Temple. La flamme allumée est le symbole du Christ qui est la Lumière du monde et qui vient éclairer nos vies. Nous la gardons allumée également pendant la proclamation de l’Évangile, pour mieux l’illustrer.
Traditionnellement, les cierges bénis en ce jour sont précieusement gardés à la maison pour présider à tous les événements importants de la vie familiale. Bonne occasion pour prolonger la fête… S’il nous est difficile d’amener les enfants à la messe ce jour-là, essayons du moins, par une petite liturgie familiale, de rappeler ces événements et de les faire nôtres. Pour l’instant, essayons déjà d’entrer plus avant dans cette belle page d’évangile.

Un mystère joyeux

La Sainte Famille se plie à la loi de Moïse et accomplit dans l’humilité et l’obéissance ce que celle-ci prescrit : tout premier-né doit être consacré au Seigneur et racheté (Ex 13,11-17). La mère doit offrir un sacrifice en vue de sa purification. C’est pourquoi la Vierge Marie apporte deux colombes.
Le saint vieillard Syméon représente ce qu’il y a de plus saint dans le peuple d’Israël qui vit dans l’attente du Messie. Le Saint-Esprit s’est déjà révélé à lui. Et en ce jour, publiquement, sous son inspiration, il nous dévoile qui est réellement cet enfant, ce qu’il vient faire sur la terre et comment sa mère va être associée à la mission de son fils :
 Jésus est le Sauveur du monde. Il vient éclairer les nations : celles qui n’ont pas encore reçu la révélation divine. Il est la gloire du peuple d’Israël ; il vient accomplir dans la perfection ce qui a déjà été annoncé et commencé dans l’Ancien Testament.
 Ce Sauveur sera en butte à la contradiction : dans ses enseignements, Jésus se heurtera aux scribes et aux pharisiens et cette contradiction aboutira à la crucifixion. Il sera à la fois ruine pour ceux qui le rejettent et résurrection pour ceux qui l’acceptent.
 Marie apprend l’épreuve douloureuse qui l’attend : son sort est intimement lié à celui de son divin fils. L’image du glaive qui transperce l’âme nous fait comprendre que cette souffrance atteindra ce qu’il y a de plus vital en elle, son cœur de mère.
Ni le Christ, tout petit enfant, ni la Vierge Marie n’émettent une seule parole, mais il se réalise dans leurs âmes de profonds mystères que nous allons essayer de comprendre et de vivre, autant qu’il est possible.

Jésus nous invite à le suivre

Le Christ, qui est tout entier offert à son Père, n’a pas besoin de suivre la loi de Moïse pour lui-même. Il ne lui est pas nécessaire non plus d’être racheté : paradoxalement, c’est lui qui vient racheter tous les hommes !
Si, au Temple, Jésus se soumet à la loi, c’est pour nous, pour nous enseigner : il vient nous faire comprendre, de manière extérieure et visible, cet acte d’offrande qu’il accomplit dans son cœur, nous annonçant et nous préparant ainsi à celui qu’il réalisera de façon totale et plénière à la croix, sur la montagne et à la vue de tous. Pour cela, il se fait offrir publiquement par le vieillard Syméon, et associe sa mère à son offrande. En effet, c’est elle qui le présente au saint homme et le lui donne.
Le Christ est venu sur la terre pour nous ramener à son Père et nous en montrer le chemin. Chacun de ses gestes, de ses actes ou de ses paroles sont là pour nous l’indiquer et pour que nous fassions de même.
Les fêtes liturgiques de l’Eglise nous donnent de revivre chacun des mystères du Christ en nous les rendant présents et en nous permettant ainsi de nous y associer. Ainsi, le jour de sa Présentation au Temple, Jésus nous invite encore à le suivre, en nous offrant nous-mêmes, comme lui et avec lui, à son Père, totalement et dans chaque instant de notre vie. Il nous invite également à faire passer cette offrande par les mains de Marie sa mère, qui, pour nous, embellit et purifie tout au passage. De cette manière, il transforme le rite de l’ancienne alliance en un rite chrétien, source de grâces pour nous. Rappelons-nous, Il est venu, non pas pour abolir, mais pour accomplir…

Une fête mariale

Ce jour de la présentation de Notre Seigneur est aussi une fête profondément mariale. Le rite de la purification de la mère n’oblige pas la Vierge Marie, elle qui est toute pure et tout immaculée. Cependant elle s’y soumet en toute obéissance et humilité. Mais à travers cette démarche purement légale, la Vierge Marie va connaître et vivre elle aussi un profond mystère.
Au Temple, le Seigneur éprouve la Vierge Marie et lui demande d’accepter à l’avance la séparation future très douloureuse d’avec celui qui lui a été confié et qui est tout pour elle, dans un abandon total à la volonté du Seigneur. Cette épreuve est d’autant plus difficile pour elle qu’il lui fait comprendre aussi que celle-ci échouera en partie, du moins humainement parlant : le Sauveur amènera la chute d’un grand nombre en Israël.
Pour que la gloire de Dieu se réalise en elle et par elle, la Vierge Marie accepte d’être liée au Mystère de la Rédemption et d’enfanter ainsi maternellement à la vie divine ceux que Jésus sauve. De cette manière, elle a la grâce de devenir la mère de toutes les âmes et de recevoir en son cœur les secrets d’un grand nombre.
Quelle belle leçon pour nous ! À travers cet événement, le Seigneur nous fait comprendre que, plus il nous fait des dons merveilleux, plus il exige de nous cette volonté foncière de le préférer, lui, dans sa volonté propre sur nous, à ses dons. Il nous donne Marie comme modèle dans sa réponse à sa volonté.

Avec nos enfants

La lecture de l’Évangile et son explication succincte sont déjà un bon enseignement.
Peut-être pouvons-nous profiter de l’occasion pour essayer de conduire les enfants un peu plus loin dans le mystère de l’événement : apprenons-leur à tout offrir au Seigneur, dans le secret du cœur, même ce qui nous est précieux et à nous en détacher réellement… C’est ainsi qu’il pourra en retour sanctifier et purifier nos vies, nous rendre meilleurs, plus saints et plus proches de lui.
Madeleine Russocka