Charles de Foucauld bientôt saint

Charles de Foucauld bientôt saint : le Vatican vient de reconnaître la reconnaissance d’un miracle attribué à l’intercession du Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916). Il devrait donc bientôt canonisé. Mais qui était l’ermite du Sahara ?

Charles de Foucauld… Ce nom te rappelle peut-être une photo ancienne d’un moine en habit blanc, un chapelet immense à la taille et le cœur de Jésus sur sa poitrine. Son fin sourire et ses yeux brillants sont remplis de la douceur de Jésus. Mais derrière cette image se cache une histoire plus mouvementée qu’il n’y parait…

Charles de Foucauld à 14 ans
14 ans

Charles naît le 15 septembre 1858 à Strasbourg en Alsace dans une famille chrétienne. C’est un petit garçon doux. Lorsqu’il se promène avec sa mère, ils entrent souvent dans l’église toute proche. Il aime spécialement aller voir la crèche ! Alors qu’il n’a pas six ans, sa petite sœur et lui ont une grande peine : leurs parents meurent. C’est leur grand-père tendre et plein d’amour, le colonel de Morlet, qui les recueille. La guerre de 1870 avec l’Allemagne les oblige à s’installer à Nancy. Charles y fait à treize ans sa première communion avec beaucoup de piété. Il se prépare tout naturellement à une carrière militaire.

Mais sa foi s’égare en chemin et vers 16 ans, Dieu n’a plus vraiment d’importance pour lui. Malgré paresse et indiscipline, il rentre à 18 ans à l’école militaire de Saint-Cyr. Alors qu’il termine ses études, son grand-père tant aimé meurt. Il lui laisse une grande fortune qu’il va dépenser sans compter pour bien s’amuser, faire la fête avec des amis, mener une vie de patachon. C’est ainsi en France d’abord puis en Algérie où il suit son régiment. Mais, Charles est bien triste au fond de lui, sa vie n’a pas de sens. A 22 ans, à force d’avoir des idées folles pour se divertir, il a même des soucis avec l’armée. Heureusement, il se ressaisit à temps : pendant huit mois en action en Tunisie, il se révèlera même être un bon officier, apprécié de tous.

Séduit par l’Afrique du Nord

L’Afrique du Nord et ses déserts l’ont séduit. Charles démissionne pour préparer une reconnaissance au Maroc, terre alors inconnue. C’est une exploration d’un an, dangereuse et passionnante qu’il va vivre à 25 ans. Déguisé en rabbin, il recueille discrètement des informations sur la géographie, l’histoire et les gens avec un crayon de 2 cm et un carnet minuscule ! La foi profonde des musulmans qu’il rencontre le bouleverse. Dieu travaille en secret dans son cœur… Charles est reconnu et récompensé en France pour la qualité de ses travaux. Quand il revient au pays, sa vie est désormais plus simple. Il y apprécie sa famille, en particulier sa cousine Marie de Bondy, de huit ans son aînée. C’est une femme pieuse et édifiante, qui se préoccupe en secret de l’âme de son cousin ! Elle lui fait connaître l’abbé Huvelin qui lui a appris que « lorsqu’on veut convertir une âme, il ne faut pas la prêcher… le meilleur moyen c’est de lui témoigner qu’on l’aime ».

La conversion

Charles décide alors a 28 ans d’aller prendre auprès de ce prêtre des cours sur la religion catholique. Et surprise ! A leur premier rendez-vous de travail, l’abbé Huvelin commence par la pratique en lui demandant de se confesser et de communier ! Et le cœur de Charles se laisse envahir par Dieu : c’est la conversion. Il écrira : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui. »

C’est un tournant dans la vie de Charles : Désormais, il se sent appelé à vivre comme Jésus « la vie cachée de l’humble et pauvre ouvrier de Nazareth ». En quelques années, Il laisse tout ce qu’il possède et ceux qu’il aime et commence une vie monastique à 31 ans. A la Trappe de Notre-Dame-des-Neiges en Ardèche, il devient frère Marie-Alberic.

En Syrie

Puis il rejoint des trappistes en Syrie, pays tout proche de celui de Jésus. Six années, dans des montagnes sauvages infestées de brigands, avec pour cellule une hutte de branchage. Et cela lui semble pourtant trop confortable ! Son vœu de fonder une communauté d’ermites ne se réalise pas. Alors il part habiter dans une petite cabane à Nazareth, comme domestique des Clarisses qui y ont une communauté. Charles, dans la solitude, accomplit son humble travail, prie, médite l’Evangile et passe des heures devant le Saint-Sacrement.

A son arrivée, une sœur a même été bien étonnée de voir ce vagabond hirsute en prière dans la chapelle : viendrait-il voler quelque chose ? Comme Jésus, Charles est entièrement tourné vers Dieu et prie avec ces mots : « Mon Père, je m’abandonne à Vous, je me confie, mon Père, faites de moi tout ce qu’il Vous plaira ». Et son cœur s’ouvre peu à peu à ses frères car « Plus on aime Dieu, plus on aime les hommes ».

Alors, il se veut aussi missionnaire, ermite au milieu des hommes. Peu à peu, l’abbé Huvelin et les Clarisses le persuadent de demander l’ordination sacerdotale. Il réalise en effet que « Par le seul fait que je célébrerai la Messe, je rendrai à Dieu la plus grande gloire et je ferai aux hommes le plus grand bien ». Il est ordonné prêtre en France à 42 ans et repart dans la foulée pour l’Algérie cette fois.

Ermite dans le désert

Ermitage de Charles de Foucauld
Ermitage de Charles de Foucauld

Charles quitte sa vie solitaire pour une vie fraternelle. Sa devise : « Jesus caritas », avec le cœur et la croix : Jésus sauve tous les hommes et prouve qu’il les aime en donnant sa vie. A Beni-Abbès, dans le désert du Sahara, il partage sa vie entre action et contemplation. Il n’hésite pas à combattre le fléau qu’est l’esclavage. Il souhaite la venue d’autre religieux, mais il restera seul. Pas de grandes lectures ou de sermons avec Charles ! Il donne le message de l’Evangile par l’exemple de sa vie.

Il voudrait qu’on se dise « Puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne ». Touché par le peuple nomade des Touaregs, il part à sa rencontre à Tamanrasset dans le désert du Hoggar. Il s’installe avec eux et s’intéresse à leur culture, leurs valeurs, apprend leur langue. Il s’inquiète aussi de leurs soucis, de leur santé. « Je veux habituer tous les habitants à me regarder comme leur frère, le frère universel. Ils commencent à appeler la maison « la fraternité » et cela m’est doux ».

Et puisque c’est un frère et que la vie au désert est rude, il apprend aussi à recevoir l’aide des Touaregs ! En dix ans de vie et de prière à leurs côtés, il constitue une grammaire et un dictionnaire français-touareg, traduit de leurs poèmes et de leurs chants…

Tué par des pillards

Dernière photo de Charles de Foucauld
Dernière photo de Charles de Foucauld

Mais, alors que la guerre gronde en Europe depuis 1914, le désert autour de Tamanrasset s’agite aussi. Charles de Foucauld construit un fortin pour protéger les populations alentours en cas d’attaque. Le 1er décembre 1916, alors qu’il y est seul, il est tué à 58 ans par des pillards.

« Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. S’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » reprenait-il de l’Evangile. Les fruits aujourd’hui sont nombreux : 19 groupes différents, de laïcs, prêtres, religieux ou religieuses vivent l’Evangile à travers le monde, comme Charles le faisait. 100 000 personnes ou 100 000 fruits de la petite graine semée dans le désert…

Texte de Violaine-Marie Gomas paru dans Transmettre n°82

 

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