L’Avent n’est pas l’Avant

Aujourd’hui, l’Avent est souvent assimilé à la simple préparation de Noël. On installe la crèche, les décorations, le sapin, comme si c’était l’avant-Noël. C’est une erreur qu’il faut combattre. Voici les explications de Mgr Patrick Le Gal, dans Prier au rythme de l’Église, Fayard, 2000 :

« Comme tout temps liturgique, l’Avent célèbre le Christ en ses mystères et ici particulièrement son avènement. Mais de quel avènement parlons-nous ? La plupart des chrétiens pensent que l’avènement est en lien direct avec Noël, c’est-à-dire avec l’avènement premier du Fils de l’homme venu sur cette terre pour nous sauver. En fait, ce que célèbre d’abord l’Avent, c’est le deuxième avènement du Christ à la fin des temps. En vivant ces semaines du mois de décembre, c’est le retour du Christ en gloire que nous sommes invités à attendre, à espérer.
Certes, pour entrer dans cette ferme espérance du retour du Christ, ne faut-il pas considérer la qualité de sa première venue ? Pour croire à la réalisation des promesses eschatologiques, ne faut-il pas contempler le Christ déjà venu en notre chair, comme l’avaient annoncé les prophètes ? Célébrer le premier avènement du Christ à Bethléem, c’est souligner le « déjà » des promesses divines pour ne pas douter du « pas encore » qui vient : Dieu a promis, il a tenu parole ; Dieu a promis plus encore, il tiendra plus encore parole.
Pour déployer notre attente et notre espérance dans ce retour du Christ en gloire, il s’agit donc de l’accueillir dès maintenant dans cette venue intermédiaire par cette présence de la grâce dans le cœur des fidèles. L’Avent apparaît ainsi comme un temps de conversion – il s’agit d’attendre son retour avec vigilance en lui ouvrant notre cœur alors qu’Il frappe avec constance à notre porte. L’Avent sera dès lors un temps fort pour construire l’Espérance, si nous savons à la fois rebondir sur les promesses déjà accomplies et saisir les arrhes du Royaume qui nous sont chaque jour offertes.
L’Avent n’est pas une simple démarche préparatoire à Noël. L’Avent n’est pas l’Avant. L’Avent n’est pas une sorte de carême relatif au temps de la Nativité. Ce regard réducteur sur l’Avent risquerait de nous faire minimiser, voire perdre de vue, cette dimension eschatologique de notre foi, cette tension vers la vie éternelle, ce goût du Royaume. L’Avent ne nous fait pas oublier l’histoire et ce monde, mais nous fait espérer et avancer vers l’au-delà de l’histoire et de ce monde, vers le Royaume qui vient. « Le but de l’Avent, écrivait Louis Bouyer, est de ranimer inlassablement en nous cette Espérance, cette attente. »
Ainsi donc, espérons. »